Transition historique à la Croix-Rouge sénégalaise : Sonko prend les commandes après quatre années de crise, un nouveau leadership pour tourner la page
Après plus de quatre ans de tensions internes, de blocages institutionnels et d’une crise de gouvernance sans précédent, la Croix-Rouge sénégalaise (CRS) a enfin opéré son changement de cap. Ce mardi 25 novembre 2025, l’Assemblée générale élective du Comité national a marqué la fin du long bras de fer qui divisait l’organisation humanitaire. Madame Bafou Ba, présidente sortante, a été battue par Mamadou Sonko, ancien secrétaire général, qui prend désormais les rênes de l’institution.
Un scrutin décisif après une longue période d’instabilité
Le vote était attendu, scruté, parfois redouté.
À l’issue du scrutin, Mamadou Sonko s’est imposé avec 45 voix, devançant les 36 voix recueillies par la présidente sortante.
Les organisateurs ont par ailleurs comptabilisé 3 bulletins nuls, signe d’une atmosphère encore traversée par les tensions accumulées ces dernières années.
Cette transition met fin à une ère marquée par des contestations internes, des accusations de dérives dans la gestion et une profonde perte de confiance parmi les partenaires nationaux et internationaux.
Un nouveau bureau national aux lourdes responsabilités
Le nouveau bureau élu de la Croix-Rouge sénégalaise se compose comme suit :
• Président : Mamadou Sonko
• 1er vice-président : As Tacko Seck
• 2e vice-président : Mbagnick Ndiaye
• 3e vice-président : Dioumacor Sène
• 4e vice-président : Idrissa Sambou
• 5e vice-président : Mamadou Dia
• Trésorière générale : Dieynaba Kane
• Trésorier adjoint : Mamadou Demba
Cette équipe aura la lourde tâche de reconstruire une institution fragilisée par des années de dysfonctionnements.
Des défis urgents et structurants pour restaurer la confiance
Le chantier le plus immédiat et symbolique concerne le paiement des arriérés de salaires des travailleurs de la Croix-Rouge, un dossier devenu le symbole d’une gestion chaotique.
Mais les défis sont loin de s’arrêter là :
• Redorer l’image de l’institution, écornée par les crises internes.
• Rassurer et reconquérir les partenaires techniques et financiers.
• Réhabiliter les mécanismes de gouvernance afin de garantir la stabilité et la crédibilité de la CRS.
Plusieurs observateurs s’accordent à dire que les problèmes de la Croix-Rouge sénégalaise relèvent autant de lacunes structurelles que de défaillances managériales. Les renouvellements contestés, la suppression jugée arbitraire de certaines directions régionales ou encore la gestion jugée trop solitaire de la présidente sortante ont nourri l’exaspération au sein du personnel et des volontaires.
Certains vont même jusqu’à affirmer que l’organisation avait fini par se rapprocher davantage du fonctionnement d’un parti politique que d’une association reconnue d’utilité publique. Une perception lourde de conséquences pour une institution reposant sur la neutralité, la transparence et la confiance.
Refonder la gouvernance : la condition d’un nouveau départ
Pour beaucoup d’acteurs internes, la priorité absolue est claire : stabiliser le système de gouvernance.
Sans cela, aucun programme, aucune réforme, aucune stratégie de développement ne pourra prendre racine durablement.
La nouvelle équipe dirigée par Mamadou Sonko devra donc :
• rétablir des mécanismes internes de contrôle et de régulation ;
• renforcer la participation des volontaires et des structures locales ;
• garantir la transparence dans la prise de décision ;
• et renouer avec les standards internationaux du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
C’est sur ce terrain que le nouveau bureau national sera jugé, et que se jouera l’avenir de l’institution.
Une nouvelle ère… à confirmer
L’élection de Mamadou Sonko marque indéniablement la fin d’un cycle conflictuel. Mais elle ouvre surtout une parenthèse d’espoir et d’attente.
Travailleurs, volontaires, partenaires et bailleurs scrutent désormais les premiers pas de la nouvelle équipe.
Le changement est là. Reste à savoir s’il sera à la hauteur des ambitions et surtout, des besoins — d’une institution humanitaire essentielle, dont le Sénégal ne peut se passer.
Mis en ligne par Buur Sine
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