Le FMI : quand la crédibilité se noie dans la contradiction

Depuis un bon moment, le Fonds monétaire international séjourne au Sénégal, officiellement pour évaluer la situation économique du pays. Pourtant, ses prises de position successives ont fini par semer le doute, non pas sur les chiffres, mais sur la sincérité même de son discours. Sur la question de la dette cachée héritée du régime de Macky Sall, le FMI s’enferme dans une incohérence flagrante : un jour, il nie toute dissimulation ; le lendemain, il concède qu’il y a bien eu une dette mal annoncée. Ce double langage révèle moins une rigueur analytique qu’une diplomatie économique teintée d’opportunisme.

Derrière cette gymnastique sémantique se profile une institution plus soucieuse de préserver des équilibres politiques que de défendre la vérité budgétaire. En jouant sur les mots, le FMI trahit son propre mandat : celui d’être un arbitre impartial au service de la transparence financière. Sa posture actuelle ressemble davantage à une stratégie d’évitement, voire à une complicité silencieuse avec les dérives d’hier. En refusant de nommer les fautes, il valide les mensonges qui les ont produites.

Il devient alors légitime de se demander si le FMI évalue réellement les économies africaines ou s’il orchestre une mise en scène destinée à protéger certains acteurs du passé. Le langage diplomatique ne peut servir d’écran à la dissimulation. La crédibilité d’une institution se mesure à la cohérence de sa parole et à son courage face à la vérité. Et en ce moment précis, le FMI semble avoir troqué la vérité pour la prudence, la transparence pour la connivence.

IBRAHIMA Khalil Diassé