Cameroun : Paul Biya annoncé vainqueur de la présidentielle, l’opposition conteste les résultats

Au Cameroun, la Commission nationale de recensement des votes a annoncé ce lundi les résultats provisoires de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier. Le président sortant Paul Biya 92 ans, au pouvoir depuis 1982 est donné vainqueur avec un score estimé entre 53 et 54 % des suffrages exprimés. Cette annonce précède la confirmation attendue du Conseil constitutionnel dans les jours à venir.

Son principal opposant, Issa Tchiroma Bakary 72 ans, ancien ministre récemment démissionnaire conteste vigoureusement ces résultats. Selon ses propres chiffres, issus de procès-verbaux collectés sur le terrain et rendus publics sur les réseaux sociaux il aurait obtenu 60 % des voix. Dans une vidéo diffusée dimanche visiblement ému, Tchiroma a parlé d’une “victoire écrasante” et d’une “sanction claire du régime en place” appelant Paul Biya à “accepter la vérité des urnes”.

« Notre victoire est claire. Elle doit être respectée » a déclaré Issa Tchiroma, mettant en garde contre une dérive autoritaire : « Refuser cette réalité, c’est plonger le pays dans un tourment. »

La réaction du pouvoir ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié mardi, le ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji a fermement condamné les déclarations du candidat de l’opposition, dénonçant une “démarche conspirationniste et anti-républicaine” en violation des lois électorales. Il a également promis que “l’attitude irresponsable” de Tchiroma serait traitée “avec rigueur et fermeté”.

Le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir, a qualifié les accusations de l’opposition de “grotesque canular” et de “forfaiture inadmissible dans un État de droit”, tout en déclarant attendre “sereinement les résultats officiels”.

Sur le terrain, la tension est palpable. Des renforts de sécurité ont été déployés dans les principales villes du pays, notamment à Garoua (ville natale de Tchiroma), Douala, capitale économique, et Yaoundé, la capitale politique. La semaine dernière, des manifestations violentes ont éclaté dans plusieurs localités. À Dschang, dans l’Ouest, des protestataires ont incendié la permanence du RDPC.

Ces événements traduisent un climat de forte contestation au sein de l’opinion publique, notamment parmi les partisans de l’opposition qui dénoncent des irrégularités massives dans le processus électoral.

Si sa victoire est confirmée, Paul Biya, doyen des chefs d’État en exercice dans le monde, entamera un huitième mandat consécutif qui s’étendra jusqu’à ses 100 ans. Son règne, entamé il y a 43 ans, continue de susciter autant de soutien que de vives critiques, dans un pays confronté à de nombreux défis politiques, sociaux et sécuritaires.

Saloum Camara

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