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Crise Politique : Diomaye et Sonko condamnés à sauvegarder le legs du cousinage entre Diolas et Sérère

Dans le passé, l’Afrique s’est illustré dans de nombreux conflits à dimension ethnique, souvent complexes et liés à des luttes de pouvoir ou des questions politiques. Le plus souvent, ces crises assez complexes ont des soubassements politiques. En revisitant l’histoire, l’Afrique a enregistré dans le passé des conflits comme la guerre civile au Darfour, celle du Biafra au Nigeria, le génocide rwandais et les conflits plus récents en Somalie, au Soudan et au Sahel.

Au Rwanda, entre avril et juillet 1994, le génocide des Tutsi rwandais a conduit à l’extermination de 800 000 à un million d’hommes, de femmes et d’enfants, assassinés pour la seule raison qu’ils appartiennent à la partie de la population du pays identifiée comme tutsi. Dans la majorité des cas, ces assassinats ont lieu sur les collines, dans les écoles, les églises et les bâtiments administratifs fréquentés auparavant aussi bien par les victimes que par leurs bourreaux.

A la lecture de la situation politique du Sénégal, l’heure est grave et nous sommes tous appelés à avoir raison gardée pour éviter le pire. Si on n’y prend pas garde, la crise politique qui lie le leader Bassirou Diomaye Faye à Ousmane Sonko tous les deux hommes politiques risque de basculer dans un conflit ethnique entre les Sérères et les Diolas. Le cousinage à plaisanterie entre Diolas et Sérères est un héritage culturel précieux qui unit ces deux peuples du Sénégal, symbolisant la paix, la solidarité et la tolérance.

Dans la société sénégalaise, le cousinage à plaisanterie occupe une place extrêmement importante. Entre diolas et sérères, c’est toute une tradition et les grands historiens l’associent à la légende Aguène et Diambogne, deux sœurs jumelles dont leur maman s’appelait Sira Bayal. En effet, ces deux sœurs jumelles auraient voyagé ensemble en pirogue, un jour de mercredi. Arrivée aux environs de Sangomar (île située dans la région de Fatick), la pirogue aurait chaviré et les deux sœurs jumelles se seraient perdues de vue. Diambogne se serait dirigée vers les îles du Saloum et Aguène vers le sud du pays. Et d’après cette même légende, Diambogne serait l’ancêtre des sérères et Aguène celui des Diolas. C’est en référence à cette page d’histoire que le cousinage entre sérères et diolas serait né

A l’image du cousinage entre diolas et sérères, les peuls et les lébous sont également deux sœurs de Aguène et Diambogne toutes issues de la dame Sira Bayal. D’ailleurs, une fois informées de la disparition de leurs sœurs jumelles, Maan et Debo s’étaient lancées à la recherche de ces dernières. Maan avait pris la direction du nord en traversant des forêts de manguiers, des bolongs, des ravins et des forêts d’arbres géants. Après des mois de recherche, Maan s’était retrouvée à Sangalkam et finit par atterrir à Yoff (la cache en diola) où elle allait rencontrer un pêcheur. De cette union naquit les lébous.

Débo, l’autre sœur reconnue pour sa beauté légendaire s’était elle aussi lancée à la recherche de ses sœurs. Elle avait entrepris un long voyage qui va le mener dans une région montagneuse où elle rencontrera un berger. De cette union naquit les «Hal Pulaars».

Il en ressort de ce récit que les Diolas, Sérères, Lébous, et Hal Pulaars sont tous des cousins. Durant son règne, le Premier Président de la République du Sénégal, M. Léopold Sédar SNGHOR s’appuyait sur le cousinage à plaisanterie qu’il considérait comme un baromètre pour réguler les tensions sociales et prévenir les guerres entre voisins. Avec SENGHOR, la crise en Casamance n’avait pas éclaté. D’ailleurs, il profitait toujours du cousinage à plaisanterie pour bénéficier de l’estime des Hal Pulaars et de la communauté lébou.

En 1967, Léopold Sédar SNGHOR avait effectué une visite au Fouta. Pour rendre hommage à leur cousin sérère, les notables du terroir s’étaient mis à réfléchir pour trouver le meilleur cadeau à offrir à leur hôte de marque. Avec le délai qui était très limite, il a été retenu de lui offrir ce qu’il y a de plus précieux, à savoir un kilogramme d’or. Les grands bijoutiers Samba SY et Mamadou SYLLA s’étaient engagés à fabriquer une chaîne en or. Malgré le délai très court, ils ont pu livrer une parure composée de treize anneaux tout en or. Dès que l’avion présidentiel a atterri sur le tarmac de l’aérodrome de Ourossogui, les Al Pulars ont porté au cou du poète-président la belle chaîne en or. Emerveillé par le savoir-faire de ses hôtes et le geste combien important, Senghor s’était aussitôt mis dans la casquette d’un roi venu rendre visite à ses captifs Hal Pulaars. Aujourd’hui, 58 ans après, son Excellence, Bassirou Diomaye FAYE Président de la République qui a eu l’honneur de porter cette chaîne qui demeure un patrimoine national a également l’obligation de préserver le legs du cousinage entre Diolas et Sérère.

S’agissant de Ousmane SONKO et de Bassirou Diomaye Diakhar FAYE, au-delà de la politique, ils doivent tous comprendre qu’ils sont liés par une parenté qui remonte depuis leur ancêtre. En choisissant Bassirou Diomaye Diakhar FAYE pour porter et défendre le Projet Pastef, Ousmane SONKO avait misé sur les qualités intellectuelles et humaines qui le lient à ce dernier. A la lecture de ce choix loin d’être fortuit, il est manifeste de noter qu’avec les liens de sang séculaires qui unissent les deux hommes, il est évident de retenir que c’était un honneur de voir un fils de la Casamance porter son choix sur un sérère. Avec ce choix historique, les sérères restent et resteront toujours redevables aux diolas.

D’ailleurs, à peine sortie de prison, Bassirou Diomaye Diakhar FAYE avait réservé sa première visite à la région de la Casamance. Au-delà de la politique, cette première sortie de l’enfant de Ndiaganiao réservée à la verte Casamance permettait de mieux consolider le cousinage à plaisanterie qui constitue un paquetage dans lequel on trouve la paix, la coexistence pacifique, l’entraide et l’hospitalité.

En guise de reconnaissance, les populations de la Casamance avaient remis à Bassirou un balai qui est un objet traditionnel très important et très significatif. Vraies symboles d’unité, les tiges assemblées du balai représentent un peuple, une nation unie, d’où l’anecdote « l’union fait la force ». Cela symbolise qu’une seule personne ne peut pas à elle seule tout réaliser et qu’il faut l’unité pour construire une société voire un état. Par ailleurs symbole de purification et de nettoyage spirituel, le balai permet également de se débarrasser des mauvais sorts pour baliser un avenir meilleur. Mystiquement et spirituellement bien préparé par les populations de la Casamance, Bassirou avait pris son envol pour sillonner le Sénégal des profondeurs, et au finish il a atterri au Palais présidentiel. Au regard de tout le soutien que Ousmane SONKO a apporté à Bassirou Diomaye FAYE, il est important que les sages des deux communautés sérère et Diolas dans leur ensemble puissent se mobiliser pour sauver ce legs. Rois du Sine et Rois de la Casamance, levez-vous

Le cousinage est un vecteur de paix qui permet d’atténuer les conflits sociaux et d’assurer un climat pacifique. La culture, sous toutes ses formes, permet la stabilité d’une société. Dans un monde marqué par une insécurité liée au terrorisme et à la déperdition des mœurs, il est préférable de préconiser un remède à ce fléau en rappelant à la nouvelle génération, nos coutumes et nos valeurs qui ont permis à nos ancêtres d’assurer la stabilité sociale au Sénégal.

Par Souleymane DIOP

Journaliste Communicant
Spécialiste en Communication de Crise

Mis en ligne par Buur Sine

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