Dilemme de la migration : entre pressions familiales et quête d’un avenir incertain
La récente annonce du décès d’un jeune footballeur sénégalais au Ghana a ravivé le débat sur les migrations irrégulières et les drames humains qui en découlent. Face à cette tragédie, l’organisation Horizon Sans Frontières appelle à une profonde introspection sur les causes réelles qui poussent tant de jeunes à risquer leur vie au nom d’un avenir supposé meilleur.
Derrière chaque départ vers l’inconnu, il y a souvent une histoire de rêve mais aussi de pression. Dans de nombreuses familles sénégalaises et africaines la réussite sociale est encore trop souvent associée à l’exil. Les jeunes surtout ceux qui évoluent dans des domaines comme le football ou la musique sont perçus comme les futurs “sauveurs” économiques du foyer.
« La volonté d’aller à l’aventure est fortement accentuée par une pression familiale constante souvent inconsciente mais destructrice » alerte Boubacar Sèye président de l’ONG Horizon Sans Frontières. Selon lui cette attente sociale démesurée pousse certains jeunes à faire des choix risqués, mal préparés et parfois irréversibles.
Pour Boubacar Sèye, l’heure n’est plus à l’indignation ponctuelle mais à une réflexion de fond. Il dénonce un système où les politiques publiques sont trop timides face à la crise migratoire et où les familles idéalisent encore trop l’Europe ou les parcours internationaux, notamment dans le sport.
« Nous devons nous interroger : pourquoi tant de jeunes préfèrent mourir en mer, ou dans des pays étrangers plutôt que de tenter leur chance ici ? » questionne-t-il. L’ONG appelle à un sursaut national, incluant les autorités, les familles, les médias et les leaders communautaires.
Le cas du jeune footballeur décédé illustre une réalité plus large : celle des jeunes talents souvent embarqués dans des circuits non officiels, guidés par de faux agents ou des promesses illusoires de clubs étrangers. Faute de structures locales solides, nombre d’entre eux partent sans encadrement, sans contrat, sans protection.
Horizon Sans Frontières plaide pour un accompagnement psychosocial des jeunes, une meilleure information sur les dangers de la migration irrégulière mais surtout une revalorisation des opportunités locales. Pour l’ONG, il est urgent de montrer aux jeunes que réussir chez soi est tout aussi honorable que réussir ailleurs.
En attendant, les drames se poursuivent. Et derrière chaque nom perdu dans l’anonymat de la migration il y a une famille brisée, un rêve éteint et une société qui tarde à tirer les vraies leçons.
Saloum Camara
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