Guinée : la DGE chargée de l’organisation de la présidentielle de 2025, une décision sous le feu des critiques
Le gouvernement guinéen a annoncé que la prochaine élection présidentielle, prévue le 28 décembre 2025 sera organisée par la Direction générale des élections (DGE). Une décision qui suscite une vive controverse alors que la nouvelle Constitution adoptée en 2023 prévoyait la création d’un organe technique indépendant pour superviser les scrutins.
Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi à Conakry le ministre de l’Administration du territoire a officialisé la désignation de la DGE comme l’organe responsable de l’organisation du scrutin présidentiel. Pourtant selon l’article 52 de la Constitution adoptée à la suite du dialogue national de 2023, la gestion des processus électoraux devait être confiée à une entité techniquement indépendante de l’exécutif.
« Ce choix va à l’encontre de l’esprit et de la lettre de la Constitution » a dénoncé Mamadou Sylla, chef de file de l’opposition. « La DGE est une structure qui dépend directement du gouvernement. Elle ne garantit donc pas les conditions d’une élection libre, transparente et crédible. »
Plusieurs partis politiques ont exprimé leurs inquiétudes certains allant jusqu’à évoquer la possibilité de boycotter le processus électoral si aucune réforme n’est entreprise.
Du côté de la société civile, les réactions sont tout aussi sévères. Le Collectif pour la Démocratie et la Transparence Électorale (CODET) a publié un communiqué dans lequel il « rejette catégoriquement » la désignation de la DGE et appelle à « une mobilisation citoyenne pour exiger le respect de la Constitution ».
Depuis le coup d’État militaire de septembre 2021 la Guinée est dirigée par un gouvernement de transition qui s’est engagé auprès de la CEDEAO à restaurer l’ordre constitutionnel avant fin 2025. La présidentielle de décembre représente donc une étape cruciale vers un retour à un pouvoir civil. Mais cette controverse autour de l’organe électoral risque de compromettre la crédibilité du processus. Déjà certains observateurs redoutent un affaiblissement de la confiance publique, voire une escalade des tensions politiques à l’approche du scrutin.
Face à la polémique, les regards se tournent désormais vers les partenaires internationaux notamment la CEDEAO, l’Union africaine et l’ONU qui ont joué un rôle clé dans la médiation politique depuis 2021. Leur réaction pourrait peser lourd sur la suite des événements.
Saloum Camara
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