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Madagascar : le colonel Randrianirina investi « président de la refondation » après un coup d’État militaire

Le colonel Michael Randrianirina a été officiellement investi président de la refondation de la République de Madagascar lors d’une cérémonie solennelle à la Haute Cour constitutionnelle d’Antananarivo, point culminant d’une crise politique fulgurante secouant la Grande Île.

Trois jours auparavant l’assemblée nationale avait destitué le président Andry Rajoelina, quelques heures après que ce dernier eut fui le pays dans un contexte de contestation populaire alimentée par des coupures d’eau, d’électricité, la pauvreté et des accusations de corruption.

L’unité militaire d’élite CAPSAT, dont Randrianirina était commandant a opéré une rupture décisive : abandonnant sa fidélité à Rajoelina elle est entrée en scène pour soutenir les manifestants, facilitant ainsi le renversement du président.

La Haute Cour constitutionnelle, dans un retournement institutionnel rapide a validé l’interprétation d’une “vacance du pouvoir” et invité le colonel à exercer les fonctions présidentielles. Randrianirina a annoncé la suspension ou la dissolution de plusieurs institutions notamment le Sénat, la Commission électorale et la Haute Cour elle‑même, tout en maintenant l’assemblée nationale comme unique organe législatif actif.

Il a proposé qu’un Conseil présidentiel de la Refondation constitué de militaires et d’autres forces de l’ordre, coexiste avec un gouvernement de transition dans un délai de 18 à 24 mois avant la tenue d’élections.Dans ses discours il refuse l’étiquette de “coup d’État” affirmant que l’armée n’a fait que répondre à un “appel du peuple” tout en insistant sur la légalité de la démarche et le respect futur des décisions de la Haute Cour constitutionnelle.

Son ascension est d’autant plus remarquable qu’elle contraste avec sa relative discrétion passée. Âgé d’environ 51 ans et originaire de la région d’Androy (sud de Madagascar), Randrianirina a gravi les échelons militaires coordonnant un bataillon à Tuléar puis exerçant des fonctions de gouverneur local 2016–2018 avant de rejoindre le CAPSAT.

Son parcours entre alliance et opposition vis-à-vis de Rajoelina est notable : condamné en 2023 pour « incitation à la mutinerie » puis libéré, il a progressivement pris ses distances avec l’ancien président jusqu’à ce qu’il oriente le CAPSAT vers la rébellion. Dans les médias, il se présente comme un simple “officier exécutant” se refusant à s’attribuer tous les pouvoirs et plaide une action collective sous contrôle institutionnel.

L’Organisation des Nations Unies a qualifié le renversement du gouvernement de « changement inconstitutionnel » appelle au retour à l’ordre constitutionnel,l’union africaine de son coté a suspendu Madagascar de ses organes en réponse au coup d’État.

Le nouveau pouvoir pourrait subir des sanctions politiques ou économiques, affectant l’aide extérieure, les investissements et l’accès aux marchés.

Saloum Camara

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