en ce moment

Madagascar : Qui est Michael Randrianirina, le colonel devenu chef de l’État après la chute de Rajoelina ?

Presque inconnu du grand public il y a encore quelques mois, ce militaire de carrière est désormais la figure centrale d’un tournant historique dans l’île de l’océan Indien.

Âgé de 51 ans, Michael Randrianirina est originaire de la région de l’Androy dans le sud de Madagascar. Formé à l’académie militaire d’Antsirabe, il a gravi les échelons de l’armée jusqu’à devenir colonel avant de diriger le CAPSAT (Corps autonome des personnels et services administratifs et techniques) une unité stratégique au sein des forces armées malgaches. Il avait aussi brièvement occupé les fonctions de gouverneur de la région d’Androy entre 2016 et 2018.

Mais c’est surtout par sa posture critique envers le régime Rajoelina qu’il s’est distingué ces derniers mois. En novembre 2023 il est arrêté pour incitation à la mutinerie après avoir dénoncé la corruption et l’autoritarisme du pouvoir. Condamné à un an de prison avec sursis il est libéré début 2024 mais continue de dénoncer publiquement la dérive du régime.

Le tournant survient le 11 octobre 2025. Alors que des manifestations massives secouent le pays portées notamment par la jeunesse malgache et des syndicats civils , Michael Randrianirina publie une vidéo appelant les forces de l’ordre à ne pas réprimer les manifestants. Cet appel largement diffusé sur les réseaux sociaux fragilise encore davantage le pouvoir de Rajoelina.

Trois jours plus tard, l’ancien président quitte le pays dans la confusion. La Haute Cour constitutionnelle déclare la vacance du pouvoir et invite le colonel Randrianirina à assurer l’intérim.

Sitôt installé, le nouveau chef de l’État annonce la suspension de plusieurs institutions dont le Sénat et la Haute Cour constitutionnelle elle-même tout en maintenant provisoirement l’Assemblée nationale. Il affirme vouloir organiser une transition de deux ans maximum avec pour priorités : « rétablir la légitimité des institutions, restaurer l’ordre, lutter contre la corruption et garantir des élections libres. »

Mais cette transition militaire ne fait pas l’unanimité. Si une partie de la population salue un « souffle nouveau » plusieurs observateurs nationaux et internationaux appellent à la prudence. « Une transition ne doit pas devenir un pouvoir sans fin » souligne un politologue de l’université d’Antananarivo.

Les premières réactions internationales sont mesurées. L’Union africaine a demandé des « clarifications » sur la feuille de route de la transition. La France ancienne puissance coloniale appelle au respect des engagements démocratiques. Quant aux Nations unies, elles se disent « préoccupées » par la dissolution des institutions mais reconnaissent l’urgence d’un retour à la stabilité.

Saloum Camara

Share this content: