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Tanzanie : la présidente Samia Suluhu Hassan face à son premier test électoral

Les Tanzaniens se rendent aux urnes ce mercredi pour élire leur président, leurs députés et leurs représentants régionaux dans un scrutin décisif pour l’avenir politique du pays. Pour la première fois depuis son accession au pouvoir en 2021, la présidente Samia Suluhu Hassan affronte le suffrage universel direct.

Arrivée à la tête de l’État après la mort soudaine de John Magufuli, Mme Hassan cherche aujourd’hui à légitimer son autorité par les urnes. À 65 ans, la première femme présidente de Tanzanie conduit la campagne du Chama Cha Mapinduzi (CCM), parti au pouvoir sans interruption depuis l’indépendance en 1961.

Dès les premières heures du vote, une forte présence policière a été observée autour des bureaux de Dar es-Salaam et de Dodoma. Plusieurs organisations locales de défense des droits civiques ont dénoncé des « restrictions arbitraires » sur les rassemblements politiques et des perturbations d’accès à Internet, signalées sur les réseaux sociaux.

L’élection se déroule dans un climat tendu après l’exclusion de plusieurs candidats de l’opposition dont le leader du CHADEMA, Tundu Lissu, et celui du ACT-Wazalendo, Zitto Kabwe. Leurs formations dénoncent une « mise à l’écart politique » orchestrée par la Commission électorale nationale.

« Il n’y a pas de véritable compétition » déplore Maria Shayo militante du CHADEMA. « Nous votons mais sans alternative réelle. »

En campagne depuis août, Samia Suluhu Hassan a axé son message sur la continuité et la stabilité. Sous le slogan des “4 R” — Réconciliation, Résilience, Réforme et Reconstruction elle promet de poursuivre la modernisation des infrastructures et d’attirer les investissements étrangers.

« Je veux bâtir une Tanzanie unie et prospère, ouverte au dialogue » a-t-elle déclaré lors de son dernier meeting à Dodoma. Ses partisans louent sa diplomatie apaisée et sa politique d’équilibre entre développement et stabilité.

Mais pour une partie de la société civile, ces promesses contrastent avec une réalité plus autoritaire : plusieurs journalistes ont été interpellés ces dernières semaines et certaines radios locales suspendues.

Sur l’archipel semi-autonome de Zanzibar, les tensions restent palpables. L’opposition y accuse les autorités d’avoir manipulé le registre électoral et d’avoir organisé un vote anticipé en faveur du CCM. Des incidents isolés ont été rapportés à Pemba et Unguja sans qu’ils perturbent massivement le scrutin.

Les habitants de Zanzibar élisent également leur propre président régional et les membres de la Chambre des représentants un vote souvent source de contestation depuis deux décennies.

Les premiers bulletins ont commencé à être dépouillés dans la soirée. La Commission électorale promet d’annoncer les résultats « dans la transparence ». Mais dans les rues de Dar es-Salaam beaucoup redoutent déjà que l’après vote soit marqué par les mêmes tensions que les précédents scrutins.

Saloum Camara

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